Bien parti pour être à nouveau un sérieux client à la victoire finale, avec trois meilleurs temps en six véritables spéciales le vendredi, Citroën Total Abu Dhabi WRT a payé cher trois crevaisons qui ont anéanti ses légitimes espoirs de podium dès le premier jour de course, en condamnant ses équipages à jouer les balayeurs pour le reste du week-end.
LE FILM DE LA COURSE
À force d’arpenter les spéciales du championnat du monde des rallyes, les ingénieurs du Citroën Total Abu Dhabi WRT connaissent chacunes de leurs spécificités et ils avaient identifié celles du vendredi, réputées pour se dégrader sérieusement, comme potentielles juges de paix du week-end. Ils avaient vu juste, et si à l’inverse de nombre de concurrents, les Rouges ramenaient leurs trois C3 WRC à bon port, l’équipe allait voir son week-end immédiatement compromis par trois crevaisons lourdes de conséquences. Tout avait pourtant très bien débuté, avec un Kris Meeke en pleine confiance, qui se positionnait au troisième rang, à seulement 2’’2 du leader, dès la première véritable ES. Il se portait même aux commandes dans la suivante, à la faveur d’un premier scratch, avant de les céder momentanément, pour mieux les retrouver dès l’entame du deuxième tour, suite à un nouveau meilleur temps (ES 5). Signe qu’il allait clairement falloir compter avec le pilote Britannique pour la victoire. Mais Craig Breen ne voulait pas non plus être en reste et y allait à son tour de son scratch (ES 6), au moment même où Kris connaissait une crevaison. La mésaventure aurait pu rester anecdotique si Kris n’en avait pas été victime d’une deuxième dans l’ES 7, pendant que Craig, alors troisième à 4’’4 de la tête, voyait également l’un de ses pneus perdre soudainement sa pression suite à l’agression d’une des nombreuses pierres déterrées par le passage des voitures. Avec Meeke, qui se retrouvait obligé de parcourir la longue liaison restante ainsi que deux super-spéciales avec seules trois roues valides, et Breen, de procéder au changement en spéciale, ils se retrouvaient tous deux relégués au septième et huitième positions le premier soir, à respectivement 1’18’’7 et 2’27’’3. Mads Ostberg effectuait quant à lui des débuts encourageants sur la terre avec la C3 WRC en occupant la sixième place. Mais dès lors condamnés à s’élancer les premiers en piste les deux jours suivants, et donc à balayer la pollution présente en surface, Mads Ostberg et Craig Breen ne pouvaient faire mieux que sixième et septième au final, tandis que Kris Meeke se faisait hélas piéger le samedi et sortait pour le compte.
QUESTIONS À PIERRE BUDAR, DIRECTEUR DE CITROËN RACING
Comment analysez-vous ce week-end difficile ?
Les trois crevaisons rencontrées au total le vendredi ont ruiné notre course. Car la réglementation prévoit l’inversion du classement du premier jour pour définir l’ordre de départs du samedi, et ainsi de suite pour le dimanche. Du coup, on s’est ensuite retrouvés à ouvrir la piste, et donc à la balayer de sa pellicule de gravette pour les suivants, deux jours durant. Privés ainsi d’adhérence, c’était alors mission impossible de remonter. Aussi, nous nous sommes alors attachés à travailler sur les réglages de la C3 WRC en pareilles situations de faible grip en prévision de l’avenir. Jusqu’à sa double crevaison, Kris avait occupé la tête de la course à deux reprises, il avait également signé deux meilleurs temps, tandis que Craig, auteur également d’un scratch, pointait troisième au moment de la sienne. Dès lors que nous étions à armes égales avec nos concurrents, nous étions une nouvelle fois compétitifs, tout en affichant une fiabilité exemplaire.
Que pensez-vous des performances de vos pilotes ?
On peut évidemment regretter l’erreur de Kris, mais je suis surtout ravi qu’avec Paul, ils en soient sortis indemnes. C’est la preuve que nos concepteurs abattent un travail extraordinaire pour renforcer toujours plus la sécurité à bord. Kris était encore une fois très vite. Surtout, il était très à l’aise avec sa C3 WRC et c’est important pour la suite. Mads s’est quant à lui un peu cherché au niveau des réglages, avant de progressivement monter en puissance, pour finir par se sentir en mesure d’attaquer. Il a bien mis à profit ce premier rallye sur terre avec la C3 WRC, pour la comprendre, afin d’être d’entrée dans le match en Sardaigne. Craig enfin, a un peu démarré sur la réserve, avant de rapidement montrer qu’il était lui aussi dans le bon tempo, signe que sa mésaventure argentine est bel et bien derrière lui. Il a ensuite parfaitement rempli sa mission, à savoir apprendre de cette position désavantageuse d’ouvreur sur la piste.
Quel est l’état d’esprit de l’équipe ?
Même si nous traversons une période où nous ne connaissons pas les résultats escomptés, le team reste soudé, mobilisé aussi, d’autant que la performance est là. On se prépare tous ensembles à repartir au combat pour le prochain rendez-vous du championnat en Sardaigne, convaincus que nous aurons à nouveau notre chance.
TEMPS FORTS
Les statistiques de la C3 WRC parlent pour elle : en six rallyes disputés depuis l’ouverture de la saison en janvier dernier au Monte-Carlo, elle s’est octroyée des scratches sur cinq d’entre eux, Portugal y compris, pour un total aujourd’hui porté à dix-huit unités. Preuve de sa compétitivité sur tous les terrains. Après la Power Stage remportée par Meeke sur les routes piégeuses de l’épreuve monégasque, Breen lui a offert trois meilleurs temps sur la neige suédoise, Loeb et Meeke en ont signé huit au total sur les pistes surchauffées du Mexique, qui plus est situées en haute altitude, avant que Loeb toujours, ne s’en adjuge trois sur le bitume atypique de la Corse. Au Portugal, sur les spéciales particulièrement sablonneuses et cassantes du premier jour, Kris et Craig s’en sont respectivement emparés de deux et un (à égalité avec Neuville).
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