Le jury de la Voiture de l'année essaye ce mardi dans un centre d'essais ultra-caché les différentes versions des sept voitures en lice. Le vote aura lieu fin février. Le gagnant sera annoncé le 4 mars à Genève. Trois françaises sont nominées: Alpine, Citroën C5 Aircross, Peugeot 508. Les marques françaises ont au total été primées quinze fois en plus de 50 ans.
Mardi 19 février au matin, ce sera le rendez-vous des pros de l'automobile européens, dans un lieu archi-discret en pleine forêt, à l'abri des regards et des photographes. Comme chaque année, les membres du "COTY" (jury de la Voiture de l'année) se réunissent une journée entière dans un centre d'essais anonyme à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris. Un lieu où les constructeurs eux-mêmes viennent faire rouler leurs prototypes. C'est dire s'il faut montrer patte blanche pour pénétrer dans ce lieu hautement protégé. But : faire vroum-vroum. Les jurés vont en effet tester une dernière fois les sept voitures finalistes pour le trophée 2019 dans leurs multiples versions. Une rareté, trois françaises figurent cette année parmi les finalistes : le coupé ultra-sportif Alpine A110, la berline-coupé (et sa version break SW) Peugeot 508 et le SUV-monospace Citroën C5 Aircross. Aux côtés de la très luxueuse Jaguar i-Pace 100% électrique, des berlines compactes Mercedes A, Ford Focus et Kia Ceed coréenne.
Proclamation à Genève le 4 mars
Le vote final aura lieu en fin de mois. Et ce, pour une proclamation des résultats le lundi 4 mars à 15 heures au Palexpo, le palais des expositions suisse situé face à l'aéroport international de Cointrin. C'est là que se tiendra, à partir du 5 mars, le Salon de l'automobile de Genève. L'annonce des votes par pays est toujours une manifestation à haut suspense, que ne rate aucun représentant des marques en présence. Car, parfois, la victoire s'obtient avec à peine quelques points supplémentaires : un point seulement même en 2001. Très convoité, le trophée de la Voiture de l'année permet au gagnant d'utiliser le titre dans ses publicités une année durant. Si BMW ou Mercedes n'ont pas besoin de ce prix pour asseoir leur notoriété, les constructeurs français, le groupe Volkswagen, Fiat Chrysler Automobiles, Ford, les marques coréennes et japonaises mais aussi les labels haut de gamme comme Volvo ou Jaguar Land Rover attendent les résultats avec beaucoup d'anxiété.
Le processus de sélection est simple : une liste d'une quarantaine de modèles est établie en fonction des lancements de l'année – à condition qu'il ne s'agisse pas de voitures à la diffusion marginale. Un premier vote a lieu au mois de novembre pour désigner dans cette liste les sept finalistes. La procédure est totalement transparente. Chacun vote en son âme et conscience. Mais chacun a ses critères prédominants. Il y a ceux qui privilégient l'innovation, ceux qui mettent en avant le plaisir de conduite, le confort, le rapport qualité-prix, l'écologie. Même si tous ces critères se retrouvent, à des doses variables dans les votes. Une seule règle tacite : ne pas élire une voiture hors de prix. Et ce, suite au choix très critiqué à l'époque de la… Porsche 928 en 1978 !
60 membres du Jury de 23 pays
Le jury compte 60 journalistes automobiles spécialisés - dont nous faisons partie. Chaque membre est coopté par ses pairs dans un pays donné en fonction de son expérience et de sa connaissance du produit automobile. 23 pays d'Europe (avec Russie et Turquie comprises) sont représentés. Les grands pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne) ont jusqu'à six représentants. Leur nombre est dégressif selon la taille du pays.
Prisée, cette récompense assure-t-elle le succès commercial du modèle élu ? Tel est le point essentiel. "Impossible de dire dans quelles proportions ce prix a influencé les achats. Mais toutes les équipes du commerce sont convaincues qu'il a participé au dépassement de nos objectifs de ventes", explique-t-on chez Peugeot. "C'est le prix le plus exigeant et le plus prestigieux en Europe. Avoir cette reconnaissance du jury confirme à l'extérieur tout le travail réalisé. Et en interne, quelle fierté !", insiste le constructeur primé deux fois en quatre ans. Certaines voitures, qui avaient jadis enthousiasmé le jury, se sont toutefois révélées être des flops auprès du public. Tel fut le cas de la Nissan Leaf électrique, vainqueur en 2011, ou de la Chevrolet Volt (et sa soeur Opel Ampera) hybride rechargeable en 2012.
Un prix né en... 1964
Le prix de la Voiture de l'année existe… depuis 1964 ! Il a été remporté douze fois par le groupe Fiat. La légende "noire" veut que le constructeur turinois ait su naguère s'attirer les faveurs de certains jurés surtout transalpins. La question de l'objectivité se pose du coup légitimement. Mais les jurés ne bénéficient de facto d'aucun traitement de faveur par rapport au reste de la presse automobile. Ils sont invités aux mêmes essais, parfois juste avec un peu d'avance. Ils empruntent dans les mêmes conditions, pendant quelques jours, chacun des véhicules en lice aux parcs presse des constructeurs. Seul vrai avantage : les jurés sont invités sous le sceau de la confidentialité à découvrir en avant-première (parfois un ou deux ans avant la commercialisation) les futurs projets des constructeurs dans les centres de recherche-développement. Peugeot, Citroën, DS, Renault, Ford, Seat (Volkswagen) en sont coutumiers.
Si Fiat a été le grand champion des trophées, les marques du groupe PSA ont empoché pour leur part neuf fois le trophée (y compris Simca), le groupe Volkswagen sept, Renault six. Les marques françaises ont donc au total été primées quinze fois en plus de 50 ans. La première voiture tricolore à avoir été élue fut la… très innovante berline à hayon Renault 16 en... 1966. Parmi les grandes victoires de véhicules hexagonaux figurent la Peugeot 504 (1969), la Citroën GS (1971), la Peugeot 405 (1988), la Citroën XM (1990), le Renault Scénic (1997). La Renault Clio a même été élue deux fois : la première mouture en 1991 et sa troisième génération en 2006. La berline compacte Peugeot 308 a été primée en 2014, le SUV Peugeot 3008 en 2017.
J'y crois pour Citroën et C5aircross