Le site historique de Citroën, qui va produire la C5 Aircross, est désormais doté des méthodes de production et des technologies dernier cri. Il a accueilli pour cela un investissement de 100 millions d'euros.
A Rennes La Janais, dans les allées de l'usine de PSA, on dit merci à la C5 Aircross. La « C84 », comme on appelle en interne le nouveau véhicule de Citroën, a permis d'assurer la pérennité d'un site né dans les années 1960, mais dont l'avenir semblait plutôt sombre avant 2015. « C'est maintenant l'usine la plus moderne du groupe ! », s'enthousiasme Gilles Saliou, qui a dirigé la transformation du site entamée il y a presque deux ans.
Dans la nuit du 18 au 19 mai, la ligne d'assemblage historique, celle qui a vu passer de nombreux véhicules mythiques de Citroën, a définitivement fermé. Depuis, toutes les Peugeot 5008 et les C5 Aircross qui en sortent sont fabriquées selon des méthodes et avec des technologies dernier cri. « Nous avons basculé dans un autre monde - non sans émotion », témoigne Thérèse Joder, la directrice de l'usine.
Quelques sacrifices
Cette révolution a demandé une immense énergie et quelques sacrifices. « On revient de loin ! », se souvient Jean-Marie Bertho, délégué CFE-CGC en Bretagne. Après avoir produit près de 400.000 voitures dans les années 2000, l'usine historique de Citroën a bel et bien failli fermer lors de la crise de 2012. Elle sera sauvée en 2013 par la décision de lui attribuer la Peugeot 5008, mais il lui faut un second véhicule pour assurer sa pérennité.
« Pour obtenir la production de la C5 Aircross en Europe, il fallait améliorer considérablement sa compétitivité », rappelle Thérèse Joder. En 2016, les principaux syndicats acceptent un gel des salaires sur trois ans, en contrepartie d'un investissementde 100 millions (dont 15 % pris en charge par les collectivités locales) et l'embauche de 100 intérimaires. Un accord, qui se superpose à celui signé par PSA au niveau national.
Transformer le processus de production
Le groupe avait déjà investi 90 millions d'euros en 2015 pour accueillir la 5008 mais, cette fois, le chantier est d'une autre ampleur : il s'agit de transformer totalement le processus de production. Aujourd'hui, des dizaines d'étagères à compartiments en plastique blanc entourent les voitures en cours d'assemblage : le « full kitting » a été généralisé, consistant à préparer en amont l'ensemble des pièces nécessaires pour un véhicule, au lieu de devoir aller les chercher en bord de ligne.
Partout dans les travées, le ballet des AGV (Automated Guided Vehicles) est impressionnant : ces petits chariots autonomes, qui se chargent d'une multitude de taches logistiques en lieu et place des caristes, sont désormais au nombre de 180 à Rennes. « Nous avons aussi adopté un système de hauteurs variables, permettant aux opérateurs de ne plus avoir à se baisser ou à lever les bras pour insérer les composants », indique Gilles Saliou. Ici, il s'agit d'un plancher montant et descendant, sur lequel est posée la voiture. Plus loin, c'est une balancelle, à laquelle elle est suspendue.
« Compacter » la production
La transformation doit aussi permettre de « compacter » la production : en gagnant en surface, il s'agit de limiter les frais fixes. Au total, le site passera de 220 hectares, dont 53 couverts, à 83 hectares, dont 35 couverts. Une partie a déjà été cédée, une autre est louée, notamment à certains fournisseurs venus s'installer au plus près de la production. Faurecia fabrique désormais ses sièges ici, « une première mondiale », insiste-t-on à Rennes.
Avec la C5 Aircross, la production de l'usine pourrait remonter à 150.000 voitures par an, contre un peu plus de 100.000 prévus cette année. Si la 5008 continue à bien marcher (86.000 ventes en 2017 pour un lancement en mars), il faudra même transférer une partie de sa production à Sochaux - environ 40.000 unités seraient conservées à Rennes.
Une pression terrible
De quoi rassurer les salariés - même si, pour l'heure, ils souffrent de la surchauffe qui gagne PSA en France. « Il y a une pression terrible, notamment sur la hiérarchie intermédiaire », insiste Jean-Marie Bertho, reconnaissant qu'il s'agit désormais de « problèmes de riches ». Rennes a recommencé à embaucher, pour la première fois depuis quinze ans : 12 personnes en 2017, une vingtaine prévue cette année. Avec 2.500 salariés, dont 900 en interim, l'usine reste toutefois loin des 15.000 employés des années 2000.
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