Bonjour Jean-Charles de Castelbajac. Quelle est votre histoire personnelle avec l’automobile ?
L’histoire personnelle que j’ai avec l’automobile est que je n’ai fait que des voitures différentes. Je ne fais que des voitures particulières, je ne fais que des voitures dont le processus de création est un processus accidentel. La première voiture que j’ai faite, je crois que c’était une Volvo il y a très longtemps, une Volvo décapotable. Ensuite j’ai fait une Mono Ego pour Rinspeed, qui était une monoplace, qui est très très belle et que j’avais un temps chez moi. Mais comme je n’avais pas le permis à l’époque je ne pouvais pas en faire grand-chose…
Nous avons également en mémoire la série des Smart ForTwo… Ensuite oui, j’ai fait une série, une escadrille, de Smart qui ont été emblématiques, notamment la camouflage qui a ouvert la route à beaucoup d’autres véhicules. Ensuite j’ai fait une voiture dans laquelle Monsieur Hollande a refusé de s’asseoir, je l’avais appelée 55 Faubourg, C’était pour un autre fabricant français que je ne peux pas citer ici [NDLR : il s’agit d’une Renault Twingo]. C’était une voiture très belle, noir mate, avec un intérieur Louis XV. Je l’avais dessiné en pensant que le président avait de l’humour, mais il n’avait aucun humour, à l’époque en tout cas, Aujourd’hui il en a plus… Et puis mon couronnement, la cristallisation, de mon travail de mon style, vient avec la Citroën E-Méhari. Avec les Smart, je trouve que c’est celle qui ressemble le plus à mon humour, à mon décalage, à ma vision du monde. Cette espèce de transversalité entre la mode, l’art, le design… Quelque chose d’incompréhensible pour de beaucoup de monde.
Les deux voitures ont en effet en commun d’avoir des panneaux de carrosserie différents.
Oui, aussi. Mais surtout, ce sont définitivement des véhicules qui ont de l’humour, qui ont de l’esprit. Alors bien sûr, j’adore être assis dans des limousines, pour faire un grand voyage. Mais ça correspond beaucoup moins à ma culture. Déjà parce que je suis un fan de moto, parce que je conduis des motos depuis l’âge de 18 ans, donc j’ai beaucoup de Harley Davidson. Mais j’ai toujours cherché dans les voitures des différences. Aujourd’hui je possède une Mini Moke des années 70. J’ai la voiture que ma mère m’avait donné qui est une Kubelwagen de l’armée allemande. Et j’ai une Range Rover noire mate qui a été offerte à mon petit-fils. Voyez, j’ai des voitures qui sont toutes tout-terrains. Et dans cette passion du tout-terrain, il y a un peu une notion Castelbajacienne : je suis un peu tout-terrain et je me sens bien avec la voiture tout-terrain. J’aime bien les sentiers de la création comme j’aime bien les autoroutes, comme j’aime bien les montagnes escarpées de l’imaginaire. Donc voilà je suis un créateur tout-terrain.
Ce sont des véhicules proches de la notion de la moto, comme une certaine liberté de circuler ?
Alors la moto c’est parce que je suis Gascon, et les côteaux du Gers… il n’y a plus rien de plus divin.
Est-ce Citroën qui est venu vers vous pour cette E-Méhari ?
C’est définitivement Citroën qui m’a approché, qui m’a emmené dans ses filets, qui m’a harponné de ses deux chevrons. Et on est bien parti pour une longue aventure, parce qu’entre mon esprit décalé mais à la fois passionné de l’histoire, il y a une dualité : mes choses paraissent toujours drôles et ludiques et modernes mais elles ont toujours du sens. Arnaud Belloni et ses équipes ont trouvé qu’il y avait des points communs entre mes valeurs de création et la volonté de modernité.
Citroën E-Méhari est donc la première étape qui est plus chromatique mais pas que pour les couleurs, c’est une espèce de lien à une autre vision du confort dans la modernité. Le Mondial de l’Automobile 2018 ne sera qu’une étape avec une installation, avec une manière d’envisager les choses, avec une dualité entre l’art et la mode. L’art étant la première étape avec la Citroën E-Méhari, et on va arriver au Mondial de l’Automobile avec une Fashion Car. C’est le début d’une collaboration qui s’écrit sur le temps.
Source : Je vous conseille la galerie photo
Commentaires