La Citroën Traction avant peut être considéré comme le première Citroën mythique pour ses nombreuses innovations, pour sa longue carrière et pour l'aura qu'elle attribua à la Marque. Avec ses nombreux investissements pour financer les caisses dites « tout acier », les incroyables opérations de communication, la reconstruction de l'usine du Quai de Javel et le relatif échec de la Rosalie auxquels s'ajoutent les effets de la crise de 1929, le marché automobile et notamment Citroën sont en grande souffrance. Dans son génie visionnaire, André Citroën comprend la situation et sait que, s'il veut marquer les esprits, il faut frapper fort, comme il l'a quasiment toujours fait jusqu'ici.
Moins de deux ans d'étude Ainsi, dès Mars 1932, André Citroën lance les études d'une nouvelle voiture sous le nom de code PV (Petite Voiture) avec un cahier des charges précis : « Première fois au monde qu'une voiture populaire, taxée pour 7CV fiscaux, soit 1300 cm³ au maximum, réunira les solutions suivantes : Caisse monocoque, Traction par les roues avant, freins hydrauliques et convertisseur de couple hydraulique supprimant la boîte de vitesse, le tout consommant 7 litres aux 100km, offrant quatre vraies places et coûtant 15 000 Francs de 1933. »
Pour concevoir ce projet, André Citroën s'entoure d'une équipe d'ingénieurs de talents menée par André Lefebvre à qui André Citroën donnera carte blanche et garantira une totale liberté. Flaminio Bertoni, à qui l'on devait le restylage de la Rosalie, Sendaud de Lavaud et Grégoire complètent l'équipe qui se met en charge de la conception de cette nouvelle Citroën révolutionnaire. André Citroën imposera une seule limite : une sortie rapide sans quoi Citroën devra mettre la clé sous la porte.
Pour respecter cette limite de temps, l'équipe compose avec des compromis. Le moteur à plat est remplacé par un moteur normal, la boîte de vitesse devient manuelle pour éviter des temps de mise au point trop long, etc. Mais le projet PV met le paquet sur d'autres innovations : la traction avant, la caisse monocoque, son système de freinage hydraulique ou encore sa suspension par barre de torsion. Si toutes ses solutions existent déjà à l'époque, la grande force de la future Traction avant sera de toutes les embarquer et, de ce fait, prendre des années d'avance sur la concurrence.
Et, en moins de deux ans d'études, Citroën s'apprête à présenter, pour la première fois, celle qui ne s'appelle pas encore Traction mais 7A, ce sera le 18 Avril 1934 où 350 Traction avant, prendront la route, devant une presse enthousiaste voire dithyrambique, pour rejoindre les concessions à qui elle avait été préalablement présentée (le 24 Mars 1934).
Un début de carrière difficile
Restée aux caisse carrées, les voitures de la concurrence prennent une terrible claque à la sortie de la Traction tant et si bien que, même la clientèle est stupéfaite, avec la conséquence de garder la Rosalie, plus classique, au catalogue jusqu'en 1938.
Mais, faute de temps de mise au point suffisante, les premières Traction livrées souffrent de multiples problèmes, petits ou grands, qui la feront passer pour une voiture non fiable. Citroën le sait bien et enchaîne les mises aux points :
- En avril, la 7A est présentée (6 000 exemplaires produits)
- Trois mois après, en Juillet 1934, elle cède la place à la 7B (10 000 exemplaires produits)
- En Octobre 1934, la 7B lest remplacée par la 7C produite jusqu'en 1941 (67 000 exemplaires produits)
- Entre Juin et Novembre 1934, Citroën élargit la gamme avec la 7S qui sera produite à 1 500 exemplaires
- En Novembre, la 11 A, à la caisse élargie par rapport à la « 7 »
- En Novembre également, la 11AL remplace la 7S
- Citroën présente également la 22 à moteur V8 qui ne verra jamais le jour Au final, sur l'ensemble de l'année 1934, Citroën produit 28 000 exemplaires de la Traction ce qui se révèle insuffisant et Citroën se déclare en faillite le 22 Décembre 1934.
Michelin sauve Citroën
Grâce à l'argent frais apporté par Michelin, les ingénieurs se remettent au travail avec l'objectif de fiabiliser la Traction. Ainsi :
- dès Mars 1935, les cardans évoluent,
- Juillet 1935, la Traction reçoit une malle qui s'ouvre par l'arrière
- En 1936, un nouveau train avant fait son apparition de même qu'une direction à crémaillère et de nouvelles jantes
- En Février 1937, de nouvelles versions 11B et 11BL arrivent
- En 1938, la Traction propose un six cylindres en ligne avec la 15-Six
Devenue fiable dès 1936, la Traction décolle sous l'ère Michelin. La production, tombée à 15 000 unités en 1935, atteint les 30 000 exemplaires en 1936 puis 55 000 en 1938. La deuxième guerre mondiale va stopper la production de la Traction qui reste une voiture recherchée aussi bien par l'occupant que par les résistants. Grâce à ses années d'avance, lorsque la production automobile reprend à la fin de la guerre, la Traction reste tout à fait dans le coup malgré ses dix ans.
Une fin de carrière marquée par les évolutions
Toutefois, Citroën décide d'améliorer en continue la Traction pour la faire tenir le plus longtemps possible afin de relancer la marque. Dès 1946, la Traction reçoit un nouveau capot avant à fentes remplaçant les anciens à volets. La Traction enchaîne les succès mais la concurrence se fait plus rude et Citroën entreprend, courant 1952, à rajeunir la Traction. Le tableau de bord est peint, les clignotants migrent sur les ailes, le tachymètre se fait plus moderne, la malle arrière devient davantage bombée et l'utilisation de matériaux clairs permet une meilleure luminosité. Ces changements s'avèrent gagnants puisque les ventes repartent à la hausse grâce à l'excellent rapport qualité prix de la Traction. Enfin, alors que la nouvelle révolution de Citroën approche, la Traction inaugure la suspension hydraulique sur le train arrière avec la version 15/6 Hydro en 1954. C'est en 1957, condamnée par la sortie de l'ID, que la Traction quitte la production automobile mondiale après 23 années et une production totale de 759 111 exemplaires pour une voiture qui, non seulement à supplanter la concurrence, mais est devenue la voiture du siècle.
C'est tout a fait exact.... y compris dans une certaine presse auto, qui attend en général l'arrêt de production d'un modèle pour en reconnaître les qualités qui en font une excellente voiture....et bien évidemment en regretter l'arrêt.... alors même qu'avant, il avaient tout fait pour lui faire louper la marche...!!!
on peut ajouter aussi supression du marchepied pour la première fois sur une voiture une suspension nouvelle etc...
Bel exemplaire que celui là, mon agent CITROËN en 1980 me disait les Citroën c'est comme les princesses, elles deviennent des icônes aprés leur disparition.