Nouvelle rubrique sur le site, Passionnément Citroën vous donne la parole pour que vous puissiez nous parler de votre passion pour Citroën avec une parole libre sur le sujet qui vous intéresse. Qu'il s'agisse de l'essai d'une Citroën récente ou ancienne, de votre passion pour la Marque, Paroles de Citroëniste est votre rubrique. Aujourd'hui, Jean-Marc nous partage sa passion pour la marque au travers de la Citroën Ami 6 Break qui l'a accompagné dans son enfance.
J’ai eu la chance d’avoir un père artiste-peintre amateur, qui nous a initié dès notre prime enfance, à la notion du Beau. Il ne manquait pourtant pas de nous mettre en garde : « La beauté est dans l’œil de ce qui regarde». Avec lui, nous avons appris à scanner en un instant, les détails de chaque chose que l’on observe, dont la somme devient le Tout, au point de nous émouvoir.
Je suis forcément héritier de cette éducation, et me méfier de ce qui me plaît d’emblée, est dans ma nature. Pour moi, il ne peut pas s’agir du « Beau », mais d’un réflexe porté par le contexte du moment. En automobile, cette adhésion implicite résulte aujourd’hui de la Doxa nourrit par des algorithmes à grand renfort d’enquêtes d’opinions. Il en résulte un condensé d’idées prémâchées, de prêt-à-penser, de tendances créées de toute pièce, par des influenceurs, pour générer la plus forte adhésion collective. L’illustration dans le domaine automobile, est ce que l’on nomme la silhouette consensuelle : Ne pas faire de vagues, ne pas choquer, ne pas prendre de risques, modéliser pour rassurer. C’est certes la recette des victoires rapides, mais rien qui suscitera l’émotion, rien qui imprimera dans le temps. Et c’est tout le contraire d’une vraie Citroën, abonnée à toutes les controverses, souvent incomprise, polarisant les passions, en un mot : En rupture totale avec la Bien-pensance automobile.
Le modèle qui me vient immédiatement à l’esprit est l’AMI 6 berline avec sa lunette arrière inversée, dite « en Z ». Pour une fois, l’étrangeté de la ligne ne l’empêchera pas de démarrer sa carrière en trombe, avant que le soufflé retombe au profit de la version break, voiture la plus vendue en 1966 !
C’est du plus orthodoxe break AMI 6 break Club bleu cristal de 1968, que je vais vous parler.
Coiffant la gamme, cette version précédant l’AMI 8 fut achetée par mon père à la concession Citroën de la ville de Grasse dans les Alpes-Maritimes. Il remplaçait un break « confort » de 1965. Je me souviens de son odeur, à une époque où chaque voiture neuve avait la sienne. Doté de l’évolution bicylindres 602 cm3 de 35 CV SAE (32 CV Din), je découvrais ce break tout pimpant, du haut de mes dix ans. Je me disais qu’il respirait le luxe, lorsque j’admirais l’encadrement de ses vitres en aluminium rainuré (Malheureusement remplacé par de l’acier sur le modèle 1969). Muni d’un carburateur double-corps, d’un arbre à came spécifique, il atteignait comme l’attestait la couverture de l’Auto-Journal, un vrai 123 km/h ! C’est ce moteur qui sera repris sur l’AMI 8. La sonorité du flat twin, plus feutrée qu’à l’habitude, me rappelait celle d’une NSU. Je revois ces signes distinctifs tels que le monogramme AMI 6 en laiton doré, ses baguettes caoutchoutées évoquant celles de la DS, ses double phares puissants, ses feux arrière trapézoïdaux, ses pneus dénommés à « flancs blancs », son intérieur raffiné avec ses sièges à dossiers inclinables, garnis de skaï sur les côtés, encadrant en leur centre un tissu épais. Toujours d’inspiration DS, la moquette moelleuse, le coffre capitonné, les seuils de porte en aluminium…Je l’adorais !
Et j’avoue, que je fis la grimace, lorsque mon père lui préféra le break AMI 8, auquel je reconnais une praticité accrue, grâce à son coffre à plancher plat, et à sa surface vitrée plus généreuse. Mais il ne me plaisait pas autant. Alors, lorsque je réussis à force d’arguments à convaincre mes parents de ne pas céder à la tentation du break 304, je fus rassuré lorsqu’ils revinrent au volant d’un break GS 1220 Club modèle 1975. Je découvrais alors ses nouveaux sièges en trapèze, son nouveau levier vertical (et raccourci) sur la console centrale. Mon père n’en profita guère, frappé par une crise cardiaque, à l’âge de 53 ans, alors qu’il roulait à vélo. Plus tard, une fois obtenu mon permis de conduire (sur une Renault 5), je finissais mon apprentissage de la conduite, lancé en solo, au volant de cette extraordinaire GS. Je me rendais compte qu’elle était plus facile à conduire que la petite Renault : Sa direction était plus douce, plus précise, son rayon de braquage plus court, sans parler de son confort légendaire, de la puissance de son freinage, à apprivoiser sur route humide, mais que je ne trouvais pas déroutant, ayant pris plusieurs fois le volant de la CX d’un de mes oncles. Mes copains de fac prenaient plaisir à voyager avec. Nous aimions aller skier dans l’arrière-pays niçois, la GS passait partout grâce à sa suspension à hauteur constante, quelle que soit la charge. Ce n’était pas le cas, d’une Peugeot 304 ou d’une R12, dont la tenue de route devenait approximative sur les routes humides.
2024. Les temps ont changé. Les teasers ont éventé l’effet de surprise. Certains attendent d’une Citroën qu’elle « casse la baraque », tout en l’espérant ressembler à toutes les autres, traduisez comme des voitures aux lignes sans aspérités, copiées-collées. On attend de Citroën qu’il fasse des miracles, mais c’est oublier qu’elle n’est plus UNE depuis longtemps, et d’autant plus qu’elle fait partie des 14 marques de Stellantis. Elle garde néanmoins un secret. Elle incarne l’héritage spirituel de son génial créateur. L’esprit d’André Citroën diffuse dans l’inconscient des générations qui font les Citroën. Il agite leur cerveau pour en tirer la substantifique moelle. Le positionnement « Populaire », au meilleur sens du terme, me semble la bonne voie à ce moment de l’histoire de la marque. C’est un objectif louable, une révolution en soi, même s’il n’est jamais facile d’avoir raison trop tôt. Et cette perspective, lui ouvre le champ des possibles. Le destin de Citroën n’a rien d’un fleuve tranquille. J’y vois pourtant, dans ces périodes de perturbation qui nous traversent, l’occasion de rester éveillé. Cela suppose de devoir relever ses manches, se battre envers et contre tous, aller jusqu’au bout de ses idées, de toujours croire en des jours meilleurs. Je termine sur ce qu’écrivait le regretté Thierry ASTIER : « Franc-tireur plus que tout autre dans l’industrie automobile, Citroën est la marque polarisante par excellence, pouvant faire d’impossibles succès de modèles radicaux ». Je crois que Citroën sous Stellantis est tout à fait capable de relever ce défi.
Source photo Citroën AMi 6 Break : ohana-automobiles.fr
Il y a eu 2 Ami 6 dans la famille une berline et un break, ma tante mais je n'ai aucun souvenir de modèles avec pneus à flancs blancs, en revanche le tic tac du clignotant, je l'ai encore dans les oreilles, c'est la première voiture que j'ai conduite à 14 ans, dans les champs après la moisson et sur les chemins de terre, ma tante me faisait conduire, j'étais aux anges, j'admire encore la conception du combiné ouverture et condamnation des portes commun aux DS. Son vrai défaut était la qualité de la tôle, elle était vraiment sujette à la rouille, c'est d'ailleurs comme cela que la berline de ma tante a fini, plancher remplacé, d'extérieur, elle pa…
Merci pour ce témoignage .
Pour moi , l'Ami 6 break c'est l'image de la voiture du docteur .
" Il vient pour qui ? . . . Ouf , pas pour moi " !
"En rupture totale avec la bien-pensance automobile "
Voilà un bon programme ! Que cette nouvelle rubrique soit la bienvenue et qu'elle ouvre la voie au retour de ce qu'étaitl'esprit Citroën... avant!
La première voiture de ma mère, en gris foncé. Elle a duré, duré et duré, jusqu'à ce que le plancher soit perforé de rouille... ce qui l'amena à passer à l'Ami 8. Elle était pratique, avec un coffre gargantuesque, économe, fiable, mais bruyante et elle passait partout par tous les temps. Souvenirs d'une enfance bercée par ses suspensions, dont un, pas forcément heureux, je n'avais pas le permis, ou en voulant la rentrer au garage avec le hayon ouvert, en marche arrière, je l'ai replié sur le toit. Je ne vous explique pas la réaction de ma mère, plutôt mouvementée envers moi.
Ah la fameuse 3CV qui m'a amené à l'école étant enfant ! Une madeleine de Proust, dans les années 2000 je m'en suis acheté une, une Z, la fameuse berline identique à la photographie!
J'ai eu beaucoup de plaisir à la conduire quelques années avant de la revendre à un plus passionné que moi ( je m'en servais trop peu). Je me souviens des enfants à l'arrière, "c'est super on dirait que je suis dans un lit" ... Confort, tenue de route, bruit si typique du moteur et de la boite de vitesse, anticipation de la route et de ses dénivelés, une vraie voiture à vivre !!! Mais que de pouces levés quand je croisais d'autres automobilistes... De la passion,…