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Photo du rédacteurJérémy

La folle histoire des prototypes de Citroën 2CV oubliés



Elles trônent aujourd’hui au Conservatoire Citroën d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Elles ont un aspect quelque peu « délabré », surtout à côté des autres véhicules pimpants. Il faut dire qu’elles n’ont pas changé depuis les années 30, mais ce sont peut-être les pièces les plus notables du musée. Véhicule populaire



A cette époque, l’automobile était un produit de luxe. Chacun de leur côté, André Citroën et Edouard Michelin avaient donc lancé réflexions et études pour développer une voiture populaire, peu coûteuse, destinée notamment au monde rural. Si la volonté est de conquérir un nouveau marché et simplifier la vie rurale, c’est aussi de vendre plus de pneumatiques pour l’entreprise Michelin.



D’autant plus lorsque Michelin reprendra Citroën en 1934. Pierre Jules Boulanger sera alors nommé à la direction générale des usines du constructeur automobile, c’est lui qui définira les projets de la TPV, Toute petite voiture, « véhicule économique capable de transporter quatre personnes et cinquante kilos de bagages à 50 km/h dans un maximum de confort », écrit le Conservatoire. Ou « quatre roues sous un parapluie », pour reprendre la maxime de Pierre Jules Boulanger.

Le directeur demande à son bureau d’études d’innover, « même dans le déraisonnable ». Des centaines de prototypes seront ainsi réalisées, et beaucoup « avalent du kilomètre sur la piste de La Ferté-Vidame ou parcourent discrètement les routes de la campagne percheronne à proximité du centre d’essais » (Les 90 ans de Citroën – éditions Michel Lafon). En 1939, un certain nombre de véhicules présérie « sont prêts pour un Salon de l’automobile qui n’aura pas lieu » à cause de la guerre.



Projet enterré Ce projet baptisé Type A 2 CV était arrivé à terme en étant homologué par le service des mines le 28 août 1939. « Les chaînes de montage de Levallois commencent à assembler lentement les premiers exemplaires de présérie » destinés dans un premier temps à la vente auprès des employés des usines Citroën et Michelin. Même si la fabrication est stoppée lorsque la guerre éclate, les études continuent.

Des véhicules sont donc envoyés pour des essais chez Michelin à Clermont-Ferrand en août 1939 et à La Ferté-Vidame (Eure-et-Loir), au centre d’essais acquis par la marque un an plus tôt. Ils resteront sur place, entreposés dans un grenier de la ferme, à l’abri des regards, pendant des années.



Presque tous les autres prototypes seront détruits à la fin de la guerre, au moment du lancement imminent de la nouvelle 2 CV 1948, bien différente de la TPV de 1939. Et qui deviendra le « phénomène de société » que l’on connaît. Des années plus tard

Les trois prototypes dissimulés au centre fertois, quant à eux, seront oubliés jusqu’à la fin des années 70, « lorsque des décisions sont à prendre sur le futur des bâtiments de la ferme ». Le grand public n’en entend pas encore parler, mais sur le site eurélien, « tout le monde les connaissait », témoigne Florian Vivas, qui a travaillé durant 30 ans à La Ferté-Vidame. Il faudra en effet attendre une vingtaine d’années pour que la décision soit prise de lever le voile sur leur existence, en 1998, à l’occasion des 50 ans de la 2 CV.

Le toit de la ferme du centre de La Ferté est donc ouvert pour permettre l’extraction de ces trois « merveilles » qui sont dans un état très moyen, « dans leur cocon de toiles d’araignées et de poussière ». Elles intègrent aussitôt le Conservatoire de la marque, gardées en l’état « pour conserver le vécu et l’émotion de la découverte, et le témoignage intact ».

Certains passionnés viennent encore se recueillir dans le grenier de La Ferté-Vidame, là où les TPV ont dormi durant des décennies.


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