Quelques années avant que je naisse, quand mon père vivait entre Marmillat et la Seine et Marne, c’était dans une Citroën Dyane qu’il voyageait. A mon tour maintenant de prendre en main cette petite populaire sous un soleil printanier pour tester une Dyane 6.
L’histoire de la Citroën Dyane
L’histoire de la Citroën Dyane n’est pas liée qu’aux chevrons. Les premières études sont lancées en 1964 car la deuche est alors dépassée par la toute nouvelle 4L. Le cahier des charges est assez simple. L’auto doit réutiliser la base mécanique et les chaînes de montage de la 2CV tout en plaçant les prestations légèrement au dessus. Et pour faire plus moderne, un hayon est imposé.
Comme le bureau de style de Citroën travaille sur d’autres projets, c’est à celui de Panhard qu’est confié le travail. Louis Bonnier rend une première copie qui ne satisfait pas totalement les chevrons. C’est donc Henry Charreton qui est chargé de revoir le tout. L’auto est donc revue avec des phares avant carrés, et, autre particularité des portes concaves… qui servent surtout la rigidité.
Elle est lancée en production en Août 1967. La Dyane originelle est propulsée par le bi-cylindres 425 cm³ de la deuche. Dès Janvier 1968 la Dyane D6 vient la seconder avec le moteur 602 cm³ de l’Ami 6. En Mars de la même année, la Dyane “tout court” est remplacée par la Dyane 4 et son moteur 435 cm³. Nouveau changement à l’automne 68 avec l’arrivée d’une nouvelle version du 602 sur la Dyane 6 qui perd le D. La Dyane 4 se retirera en 1975 et la Dyane 6 en 1983. Entre temps il aura été produit 1.4 millions d’autos.
Deux dérivés notoires font partie de la famille. La plus évidente est l’Acadiane, la version fourgonnette. Moins évidente, la Mehari, qui n’est pas basée sur la deuche, mais bien sur une Dyane !
Notre Citroën Dyane 6 du jour
La voiture que j’essaye aujourd’hui, c’est la dernière acquisition de Ludovic. Une auto populaire, qu’il a acheté autant pour se rendre sur les rassos que pour rouler au quotidien. Elle est dans son jus, nos photos le prouveront facilement.
A l’extérieur : un style propre
Effectivement, le style de l’auto est singulier. Aucune chance de la confondre avec une autre auto, quand on connait un peu les anciennes… même si les néophytes pourraient penser à une deuche. Le dessin Panhard revu par Citroën fait le job. En fait cette carrosserie cache bien son jeu. Elle paraît plus grosse que la deuche, alors qu’elle repose sur la même plate-forme ! Le capot paraît bien plus long, tandis que l’habitacle semble bien assez grand. La hauteur de l’ensemble semble faible ce qui donne presque une impression d’une largeur accrue. Cette version Dyane 6, celle qu’on trouvait entre 1970 et 1983, offre des vitres de custode qui aèrent l’ensemble. On ne remarque pas le toit ouvrant au premier coup d’œil et c’est tant mieux. Autres particularités de ce modèle de 1970, les poignées de porte sont en alu et la calandre encore en métal.
A l’avant on croirait à des feux rectangulaires alors que ce ne sont “que” des projecteurs ronds habillés d’un cache rectangulaire. Réussi ou pas, en tout cas on est en présence d’un ensemble cohérent mais qui vieillit. Certaines autos sont restées intemporelles, la Dyane ne peut pas en dire autant. On situe bien l’auto à la fin des années 60 et elle aurait dû être sacrément mise à jour pour pouvoir continuer sa carrière après 1983…
A l’intérieur : dépouillé
Le but d’une Dyane 6 n’est certainement pas d’avoir une voiture luxueuse, bien finie avec des équipements nombreux. En fait c’est sur la colonne de direction que tout ou presque se passe. Un carter en plastique amène le compteur de vitesse dans l’axe du volant, on le regarde d’ailleurs à travers ce dernier. Le volant justement, est grand, j’adore ça, et encore en bakélite. Il ne sera moussé que sur les modèles d’après. Côté tableau de bord, pas grand chose de plus à dire.
Côté siège et espace, l’intérieur n’est pas grand mais on ne se sent pas oppressé pour autant. Les sièges sont très fins, ils apportent quand même un certain confort et permettent de laisser un peu de place aux jambes pour les passagers arrière. Pour régler la position de conduite ? Achetez une autre auto. Le siège ne bouge pas, pas facilement au milieu d’un voyage en tout cas, le volant non plus. Il faudra s’y faire, mais la position est assez neutre, ni trop droite, ni trop allongée donc on trouve assez vite ses marques.
Sous le capot : on peut en mettre des choses !
Ce n’est pas le 602 cm³ qui prend de la place sous le capot. En fait… on ne le voit pas. Le petit moteur est à plat, et il est tout en bas. Du coup tous les accessoires sont au dessus et à peine devine-t-on les cylindres. La boîte est cachée elle aussi. Tout au dessus trône la roue de secours. D’accord la mécanique n’est pas forcément difficile d’accès, mais pour une opération de moyenne envergure il faudra démonter, pas le choix !
On l’essaye ? Installation
On est pas venu que pour admirer nôtre Dyane 6. Il est temps de rouler. On se laisse tomber dans ces sièges carrément passés, et qui nous absorbent bien. Je ne sais si l’assise d’origine est plus ferme, mais là on est bien installé. Quelque fois les sièges vieillis ne sont pas une mauvaise chose. On trouve vite nos marques, mais on répète quand même la cinématique du levier de vitesses.
Il est situé à droite du volant, au tableau de bord. Si vous connaissez mieux les Renault, c’est comme sur une 4L. Sauf que les vitesses ne sont pas situées aux mêmes endroits. La marche arrière se trouve à la place de la première du losange. C’est à dire en inclinant le levier vers nous et en le poussant. La première est en face. En laissant le levier droit on trouve la seconde devant et la troisième vers nous. La 4e, si on arrive à se lancer, est à droite toute seule. Au pire, le schéma est gravé sur le plastique entourant la colonne de direction. Je devrais m’y retrouver !
On s’attache, puisqu’on peut, autant le faire. La ceinture se règle et s’attache facilement. Maintenant contact ! Un coup d’accélérateur pour aider le moteur à démarrer et c’est parti.
Heureusement, la Dyane 6 est légère
Direction le premier spot photo. Au bout de quelques centaines de mètres, nous voilà sur une nationale ! Est-ce qu’on va s’en sortir ? Et bien au moins aussi bien que le camion devant nous ! La montée en sortie de village ne fait pas peur à nôtre Dyane 6. On reste en 3e hein, on ne va pas aller chercher la 4e, surtout avec 35 chevaux et 4.2 mkg ! Ne cherchez pas le couple, va falloir prendre des tours ! A peine ai-je lancé la voiture en haut de la cote qu’il faut prendre à droite. Les freins ralentissent la bête, mais j’arrive un poil vite.
La fameuse image de la deuche, et donc de la Dyane 6, qui tangue mais ne se renverse pas se fait sentir directement ! La voiture penche, beaucoup, mais tient la route et le virage est pris. Sur les petites routes, on va pouvoir rouler à son rythme. On aurait pu choisir des routes plus tranquilles, mais non, les bonnes vieilles routes tournoyantes et vallonnées du Pays d’Othe sont devenues un terrain de test parfait. On va pouvoir la juger par rapport aux autres.
Dans la grosse montée suivante, je me rend bien compte que l’auto est légère. Oui elle prend les virages presque sans ralentir. Alors elle tangue, certes, mais elle tourne bien. Le moteur a besoin d’aller chercher les tours, mais il le fait et justement le faible poids fait qu’on est pas ridicule. Pour les tours, il faut jouer du levier. C’est comme tout, c’est un coup à prendre, mais ça arrive vite et le maniement du levier comme de l’embrayage est facile à assimiler. On pourrait rouler plus vite mais les routes choisies conviennent bien à ce train là.
Comment papa faisait pour faire 500 bornes d’une traite ?
Les kilomètres s’enchaînent et la Dyane 6 de Ludovic ne donne pas de signe de fatigue. Elle monte, elle tourne, elle relance, elle freine. Sur un train de populaire plus que de sénateur, elle roule parfaitement. Sur les quelques bouts de routes où j’arrive à 80 ou 90 km/h, même en 4e, je n’ai pas besoin d’autoradio. Il faudrait qu’il crache de sacrées doses de décibels pour couvrir le bruit du deux pattes. C’est là que je me dis que mon père était motivé ! D’accord le toit est ouvert, mais quand même ! Ça fait du bruit cette auto… et malheureusement ce n’est pas aussi mélodieux que le V12 de la Ferrari 365 !
Niveau confort, en dehors du son on est pas mal. J’apprécie le moelleux des sièges d’époque. Et heureusement qu’on s’enfonce dedans d’ailleurs, car il y a des virages ou faire tanguer l’auto n’est pas nécessaire… mais c’est tellement marrant ! En tout cas je retrouve les sensations de ma Simca. Un peu plus lourde, mais aussi un peu plus puissante elle partage cette saveur de populaire. Une auto à tout faire, qui bouffera les bornes tant qu’on lui demande. Et c’est certainement ce qui fait encore le charme de la Dyane 6. Une auto qui peut nous emmener dans la circulation dieselisée du XXIe siècle dans une atmosphère qui a 40 ou 50 ans de plus !
Conclusion :
Je ne prendrais pas le départ d’un rallye avec cette auto, même si certains le font en deuche. Clairement elle n’est pas faite pour ça. Mais pour rouler, tous les jours, à presque toutes les allures et sur presque toutes les routes. Une vraie popu, taillée pour vous déplacer. Et maintenant, une popu préservée pour vous rappeler des souvenirs. En tout cas, une belle alternative à la deuche, à qui elle rend de nombreux points sur l’image, mais elle les regagne en originalité !
Source : excellent blog que je vous recommandehttps://newsdanciennes.com/2018/05/11/essai-dune-citroen-dyane-6-faisons-comme-papa/
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