Nul doute que les deux dernières années ont été rudes pour l'industrie automobile avec la pandémie de Covid qui a mis les usines à l'arrêt, laquelle a été suivie par la pénurie de composants qui, si elle se réduit ces dernières semaines, a très largement perturbée l'usine de Vigo qui a connu de très nombreuses journées d'arrêt de production.
En effet, alors que l'usine avait démarré l'année avec de belles perspectives, les carnets de commandes étant plein, les difficultés sont arrivées dès le mois de février puis se sont enchainées en mars où l'usine a quasiment été arrêtée tout le mois. Le reste de l'année a également été chamboulée si bien que ce sont 91 jours de production qui ont perturbés par les arrêts liés aux manques de composants. Les mois de mars et mai ont été les plus impactés puis, progressivement, la production à bon rythme a pu repartir depuis le mois de juillet même si l'usine a connu, depuis, quelques journées de travail interrompues notamment en octobre et novembre dernier. Au crépuscule de l'année 2022, l'usine, qui était la plus productive en 2021 en Espagne, fait face à de nouvelles difficultés, cette fois liées aux problèmes logistiques, et de nouveaux défis.
Une route maritime entre Vigo et Ellesmere Port
Les difficultés de production rencontrées par l'usine de Vigo, et communes à toutes les usines européennes, sont terribles puisque la demande pour les véhicules qu'elle fabrique est importante notamment pour les véhicules utilitaires du programme K0 à savoir les Citroën Berlingo, Peugeot Partner/Rifter ou encore Opel Combo. La demande est tellement forte que l'usine de Vigo va inaugurer, en liaison avec le port de Vigo, une nouvelle route maritime à destination de l'Angleterre où l'usine d'Ellesmere Port va fabriquer les fourgons compacts pour lesquels la demande est particulièrement soutenue.
Les préséries vont débuter dès le début de l'année afin de régler les outillages avant un démarrage de la production estimée pour l'été avec un objectif de 51 000 unités produites en 2023. Cette production anglaise ne se fera pas au détriment de Vigo puisque 50% des composants utilisés à Ellesmere Port viendront directement de l'usine espagnole qui fournira, par exemple, 47 références de pièces de tôleries. L'ensemble des composants sera transporté par bateau, à raison de 14 700 containers sur deux navires deux fois par semaine. Cette nouvelle route maritime découle de l'ambition de Stellantis de réduire ses émissions de CO² dans la production puisqu'elle permettront au groupe de générer 30 % d'émissions de CO2 en moins et une réduction de près de 40 % de la consommation d'énergie, conformément au plan stratégique de Stellantis appelée Dare Forward 2030.
L'année 2022 s'achève non sans avoir vue son flot de difficultés pour l'usine de Vigo et 2023 s'ouvre avec ambition via cette nouvelle route maritime mais non sans inquiétude pour l'avenir plus lointain. En effet, si l'usine de Vigo assemble les Peugeot 2008 en complément des utilitaires, son avenir n'en est pas complètement assurée puisque Stellantis doit investir quelques centaines de millions d'Euros dans l'usine afin qu'elle se transforme vers la production de voitures électriques. A l'heure actuelle, les aides gouvernementales attendues par Stellantis ne sont pas annoncées et le groupe pourrait faire le choix de faire ses investissements dans ses autres usines en Europe ou en dehors de l'Europe ce qui serait une nouvelle difficulté pour l'usine de Vigo.
On l'a compris, l'avenir de l'usine de Vigo est incertain, et plus généralement, la résolution des problèmes de production et de distribution des véhicules, pas garantie.
L'aspect positif, sera sans doute la prise de conscience du top management du groupe, de diversifier ses sources d'approvisionnement et de transport, pour mieux amortir les aléas politiques, sanitaires voire climatiques, de plus en plus réguliers. Sur ce dernier point, un récent rapport* explique la surexposition à ce risque, de Toyota (90% de ses sites de production) et ses principaux concurrents asiatiques.
(*) Green peace.