Avec l'arrivée de la DS7 Crossback, DS était enfin reparti à l'offensive. Modestement, avec seulement 14.000 ventes l'an passé, dont la moitié en France. Une offensive toutefois très modeste! La marque haut de gamme censée incarner le luxe automobile à la française, rendue indépendante de Citroën en 2014, a vu ses ventes croître au total l'an dernier... de 0,8% seulement à 53.300 voitures, après cinq ans de baisse ininterrompue. Mais voici cette fois le petit "SUV" DS3 Crossback, un modèle à plus gros volumes potentiels, qui arrive en mai dans les concessions ! Inaugurant la nouvelle plateforme "CMP" pour petits modèles de PSA, qui sera reprise par la Peugeot 208, il se veut chic et snob. Pour rivaliser avec les Audi Q2 et Fiat 500X, mais aussi les versions les plus huppées des Renault Captur, Seat Arona ou futur Volkswagen T Cross, voire avec le Mini Countryman, plus gros.
Compact avec ses 4,12 mètres de long seulement, large de 1,80 mètre et haut d'un peu plus de 1,50 mètre, bien campé sur d'immenses roues, le DS3 Crossback arbore une ligne originale, ramassée, trapue, avec le fameux pli de tôle dit aile de requin sur les flancs, typique de la DS3 de 2010. C'est un design certes un peu artificiel, très (trop) travaillé, qui aurait d'ailleurs fait une belle Citroën avec ses ailes gonflées et galbées ! Mais la voiture se remarque, surtout en violet métallisé et toit noir comme sur notre modèle de test… Et les poignées de porte, qui s'effacent dans la carrosserie, amuseront le chaland. Même si ce gadget entraîne une préhension pas forcément plaisante. On risque même de se coincer les doigts !
Intérieur un peu loufoque
A l'intérieur, on retrouve la présentation un brin loufoque de son grand frère DS7 Crossback, avec les lève-vitres sur la console et des blocs de boutons en forme de losange. C'est plutôt chic et soigné, très personnel, et… anti-ergonomique. On a même appuyé sur le frein à mains en voulant baisser une vitre – heureusement sans autre conséquence qu'un coup d'arrêt léger à notre progression. C'est fouillis à souhait. Mais l'acheteur s'y habituera. On aurait aimé toutefois des compteurs moins simplistes et un écran central mieux intégré à la planche. On n'est pas fans, mais DS voulait faire différent. Pourquoi pas ?
La position de conduite est en revanche bonne ainsi que l'habitabilité à l'avant. A l'arrière, c'est plus limité avec une ambiance très confinée du fait de la faible surface vitrée. Et l'accessibilité est handicapée par un énorme seuil. DS n'a cependant pas eu la tâche facile avec une longueur hors tout très contrainte. On retrouve en tous cas de belles atmosphères colorées comme sur le DS7, avec des cuirs soyeux sur les versions huppées. Le chic à la française, dont se vante le label ? Certains plastiques, au demeurant correctement assemblés, manquent quand même de cachet. Mais la réalisation est sérieuse et DS fait globalement mieux que le Countryman en finition.
Mécanique plaisante
Ce petit "SUV" reçoit le tricylindre 1,2 litre PureTech en 100 chevaux (boîte manuelle), 130 et 155 avec l'excellente transmission automatique Aisin EAT8. Le quatre cylindres diesel 1.5 BlueHDi sera proposé en 100 ou 130 chevaux. Début 2020, viendra la version électrique E-Tense de 136 chevaux. Nous voici cette fois à bord d'une 130 essence pour un galop d'essai sur les routes tortueuses et difficiles de l'arrière-pays niçois. Si le bruit de machine à laver des trois cylindres manque de sensualité, la mécanique est tout-à-fait à la hauteur. Jamais elle n'a peiné, même dans les fortes côtes. La puissance est là, très disponible, sans creux marqué à bas régime. La légèreté de l'engin se sent, dans le bons sens du terme. Et ladite mécanique accepte de s'envoler dans les tours. La transmission seconde le moteur à merveille, avec précision et réactivité. Cette boîte nous est apparue bien étagée. Pour un mode 100% manuel, il faut aller chercher hélas un petit bouton à la base du levier, pas très pratique.
Le bilan mécanique est globalement positif, à condition de choisir le mode "Sport". Mais les consommations nous sont apparues moyennement économiques. En profitant à plein des ressources du trois cylindres, nous avons avalé 8,4 litres de sans-plomb aux cents en montagne et même 8,8 litres sur un itinéraire encore plus accidenté, avec quelques embouteillages vers Nice. Un diesel aurait fait beaucoup mieux…
Un châssis très léger
La prise en mains de cette voiture nous a quelque peu inquiétés au début, tant la légèreté du châssis déconcerte. Mais, une fois rassurés – et à juste titre -, nous avons constaté des trains roulants efficaces, qui donnent une grande agilité malgré la hauteur et la garde au sol importante, sans les remontées rugueuses de l'ancienne plate-forme "1" des anciennes DS3 ou 208 actuelles. La voiture s'inscrit précisément en virage, tout en préservant un confort appréciable, malgré les grandes roues. Notons avec plaisir la quasi-absence des grincements et crissements ou autres bruits de suspensions dont les voitures du groupe PSA sont souvent prodigues. Un progrès, à confirmer lors d'un essai plus approfondi. Une vraie petite routière.
Ce DS3 Crossback semble bien né. Produit à Poissy en région parisienne, tout comme la future version électrique, il partagera bientôt ses dessous et sa ligne de production avec le remplaçant de l'Opel Mokka. DS est très réticent à l'idée d'avancer des volumes de production. Selon nos informations, la firme table toutefois sur 80.000 DS3 Crossback essence, diesel et électrique annuellement. Le volume prévisionnel reste certes inférieur aux 130.000 ventes de 2012, quand la petite DS3 remportait un succès certain. Mais celle-ci était plus abordable.
Les tarifs s'échelonnent de 24.500 à 44.500 euros. La version électrique, plus lourde de 300 kilos, coûtera 9.000 euros de plus… qu'une version essence de 130 chevaux à présentation comparable. Ce qui en fera une 2e ou 3e voiture, selon Arnaud Ribault, directeur du marketing de DS. En attendant cette "zéro émission", la voiture que nous a fait essayer DS ne révolutionne pas le marché. Pas grave. C'est un petit "SUV" qui peut compter sur sa personnalité et ses qualités routières de haut niveau mais aussi ses prestations mécaniques pour séduire. A condition d'accepter une ligne un peu étrange et une présentation intérieure surchargée. Et des tarifs salés.
Source :
https://www.challenges.fr/automobile/essais/ds3-crossback-ne-l-appelez-pas-citroen_647553
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