Gabarit proche, vaste volume intérieur, mais, finalement, deux approches différentes. L'un est sérieux, l'autre joyeux. Entre Volkswagen T-Cross et Citroën C3 Aircross, qui répond le mieux aux attentes du public français des SUV urbains ?
Le vent souffle dans les voiles des petits SUV : ventes en hausse de 26% en 2018. A ce rythme, ils dépasseront bientôt les SUV compacts pour devenir la deuxième force du marché français derrière les citadines polyvalentes. Les deux leaders du segment, Renault Captur et Peugeot 2008, étant en phase de renouvellement, l’attention se reporte sur d’autres acteurs.
Comme le Citroën C3 Aircross, entré dans la carrière fin 2017 et auteur d’un très joli début de parcours. Ou le tout récent Volkswagen T-Cross, qui marque enfin les vrais débuts de VW dans la catégorie puisque le T-Roc, lancé début 2018, se situe à la lisière des SUV compacts : 4,23 m, châssis de Golf. Bâti sur la plateforme de la Polo, le nouveau T-Cross est plus court (4,11 m), bien moins cher aussi : environ 3 500 € de différence à moteur égal.
Sérieux T-Cross et rigolo C3 Aircross
Les petits modèles ont tourné le dos au diesel. 72% des SUV urbains vendus en 2018 s’abreuvent à l’essence, tendance appelée à se renforcer. Alors, pour opposer le T-Cross, dernier arrivant, au C3 Aircross, l’un des barons du segment, un turbo essence de puissance médiane vient comme une évidence : 1.0 TSI 115 ch côté Volkswagen, 1.2 PureTech 110 côté Citroën. Entre eux, le format est proche (4,15 m pour le C3 Aircross), mais la forme diffère.
Le T-Cross opte pour des lignes tendues (toit posé à 1,56 m) et un élégant profil de Tiguan en réduction. Le C3 Aircross parait massif, avec sa haute calandre et son toit à 1,60 m. Mais ses rondeurs lui vont bien au teint : elles déclenchent à son égard un sentiment de sympathie et de connivence. D’autant qu’il ne lésine pas sur les possibilités de personnalisation joyeuse, quand le T-Cross joue sur une autre partition : le sérieux qui rassure.
Déception lors des premiers mètres parcourus en T-Cross : où sont les 115 ch promis ? Dans la boîte à gants peut-être, mais pas sous le pied droit, tant le petit trois-cylindres 1.0 TSI sonne creux avant que turbo ne se réveille, vers 2 000 tr/mn. Ce moteur ne souffre pas de la même paresse à bas régime sur une Polo, mais les 100 kg supplémentaires du T-Cross pèsent lourd sur une si faible cylindrée.
Une fois mode d’emploi du T-Cross assimilé - ne jamais tomber sous les 2 000 tr/mn -, tout va bien : reprises franches et vigueur à tous les étages, comme en témoigne son 10,2 s de 0 à 100 km/h, performance honorable pour un SUV urbain de cette puissance. Le châssis tient la cadence, bien tenu par des suspensions fermes « à l’allemande » : pas de roulis, inscription franche à l’entrée des virages.
C3 Aircross : plus confortable, sauf pour les oreilles
Plus grand, plus haut, et 5 ch moins puissant que le T-Cross, le C3 Aircross est de mœurs placides : fléchissement dans les prises d’appui, 11,3 s de 0 à 100 km/h. Certes, il absorbe mieux que son rival les inégalités du sol, grâce à des suspensions plus douces. Mais le livre du confort comporte aussi un chapitre auditif, et en ce domaine, le T-Cross reprend l’avantage à la faveur d’une meilleure insonorisation de son habitacle qui concourt à l’impression de qualité générale ressentie à son volant, tout comme le guidage précis de son levier de vitesses, tandis que celui du C3 Aircross est flou.
Un SUV urbain, a priori, doit savoir aller de temps à autre sur les chemins. Tous ne tiennent pas cette promesse, T-Cross et C3 Aircross oui : leur garde au sol de 18 cm leur permet de gambader hors bitume. Où le C3 Aircross ira plus loin, si son propriétaire a coché la case « grip control » (option à 250 €) sur le bon de commande : anti-patinage à cinq modes, contrôle de vitesse en descente, pneumatiques mixtes « Boue & Neige ». Le C3 Aircross s’avère donc moins dynamique et plus bruyant que le T-Cross sur parcours routier mais son registre est plus large hors bitume
Sur ce registre de la vie à bord, T-Cross et C3 Aircross se rejoignent : leur format leur permet d’accueillir volontiers une petite famille, leur modularité de transporter bagages ou objets encombrants. Du moins, quand le C3 Aircross est équipé d’un siège avant-droit à dossier repliable (option à 390 €), dispositif de série sur le T-Cross. Car tous deux disposent d’une banquette arrière coulissante qui module le volume selon les besoins.
Ainsi, l’espace ne manque pas au second rang, surtout sur le C3 Aircross, plus haut (+ 4 cm) et à l’empattement plus long (2,60 m, + 5 cm). Et les coffres sont vastes : jusqu’à 455 l sur le T-Cross, 520 l sur le C3 Aircross. Un curieux oubli toutefois sur le T-Cross : la banquette coulisse d’un seul bloc ! Difficile donc d’accroître la capacité d’emport avec trois ou quatre personnes à bord, ce que sait faire le C3 Aircross, car il a hérité savoir de la famille Picasso : banquette coulissante 60/40.
L’un est personnalisable, l’autre moins
Les planches de bord sont agréables à l’œil, de design moderne et bien rangées. Leurs plastiques durs ne gâchent pas le tableau : ils sont d’usage chez les petits SUV. Le T-Cross les agrémente de jolis motifs en finition Carat. Le C3 Aircross peut les recouvrir de tissu gris ou rouge (option à 350 €), mais n’offre pas la qualité perçue de son rival : accoudoir central avant trop frêle, frein à main à tige trop étroite. Résultat, le premier tremble sous le coude, le second sous la paume.En revanche, il est personnalisable à volonté : 90 combinaisons extérieures, avec choix entre trois couleurs dissociées pour le toit (400 €) et des stickers à effet persienne sur les vitres de custode (pack Color, 250 €).
En comparaison, le T-Cross paraît timoré : pas de toit à teinte dissociée alors que son grand frère T-Roc en propose. Et quand il se lance, comme tous les timides va trop loin : pas certain que le pack Design (400 €) qui colore ses jantes en orange soit au goût du public Volkswagen.
Le T-Cross est en phase de lancement : seulement deux moteurs essence, TSI 95 et TSI 115, ce dernier disponible avec la boite DSG 7 rapports (1 650 € supplémentaires). Mais, déjà, il respecte la tradition Volkswagen : pas de cadeaux sur les prix. Il débute à 19 820 € en TSI 95 et finition de base. La version TSI 115 démarre à 22 420 € à l’étage Lounge, puis culmine à 25 570 € dans les finitions hautes Carat et R-Line.
Le C3 Aircross n’exige pas tant : prix d’appel à 16 400 € en essence 82 ch, boîte automatique pour 1 500 €. En essence 110 ch, il démarre à 19 850 € en finition Feel, puis grimpe à 22 250 € en Shine. L’écart entre les deux modèles ici confrontés parait donc abyssal : 2 320 €.
Le T-Cross se rattrape avec l'équipement
Mais cet écart mérite une seconde lecture, car le T-Cross est bien mieux doté que son rival. Accès-démarrage sans clé, siège AV droit rabattable et radar de parking AV viennent chez lui de série, quand ils coûtent au total 820 € en option sur le C3 Aircross, ce qui ramène la différence à 1 500 €. Ensuite, le T-Cross Carat offre des équipements rares voire inédits dans le segment et dont le C3 Aircross ignore l’existence : instrumentation digitale, régulateur adaptatif à maintien de distance, phares 100% à diodes, sièges AV chauffants.
De sorte que, tout bien pesé, T-Cross et C3 Aircross se retrouvent sur une même ligne. Le T-Cross souffre toutefois d’un paradoxe : riche dotation mais étranges carences. Pas de teinte bicolore chez lui, de toit ouvrant ni de vision tête haute, personnalisation minimaliste. Le C3 Aircross ne commet pas ces oublis, et sa banquette coulisse en deux blocs…
Ils sont de gabarit proche, offrent tout deux vaste volume intérieur et banquette coulissante. Et pourtant, écrivent deux définitions différentes voire opposées d’un SUV urbain. Le T-Cross est plus dynamique, plus rigoureux, mieux équipé, mais pas très gai par son aspect extérieur. Le C3 Aircross est plus confortable, plus original, plus joyeux. Eluder la question finale en disant qu’ils ne s’adressent pas au même public ? Ce serait trop facile. Et le public français des SUV urbains, justement, a prouvé qu’il aime les offres riches en possibilités de personnalisation (Captur) ainsi que les propositions stylistiques originales (Juke, Renegade) : le C3 Aircross coche ces deux cases. De surcroit, le T-Cross aura bien du mal à expliquer pourquoi son grand frère T-Roc propose un toit à teinte dissociée, pas lui… Dès lors, le Citroën C3 Aircross prend l’avantage.
Volkswagen T-Cross
On aime
• Le comportement, plus dynamique que celui du C3 Aircross
• Un bel espace intérieur dans un gabarit court
• La richesse de l’équipement
On regrette
• La paresse du TDI 115 à bas régime
• Guère de possibilités de personnalisation
• La banquette ne coulisse que d’un seul bloc
Citroën C3 Aircross
On aime
• La ligne, ronde, joyeuse, colorée et personnalisable
• Le volume du coffre et la modularité
• Le confort des sièges AV et des suspensions
On regrette • Un comportement trop placide • Des matériaux intérieurs de moindre qualité sur le T-Cross • Les épais montants du pare-brise gênent la vision trois-quart AV
Source :
Opmerkingen