Le petit break-"SUV" devient une berline compacte. A moindres frais. Un tour de passe-passe un peu simpliste. Mais le résultat est finalement réussi. Seul problème: à qui s'adresse-t-il vraiment, ce C4 Cactus restylé?
Citroën ou l'art du recyclage. Le break- " SUV " C4 Cactus de 2014 n'avait jamais trouvé son public avec ses lignes bizarres, puis l'arrivée en fin d'année dernière du C3 Aircross, plus homogène et moderne, qui le concurrence directement. Par ailleurs, la firme aux chevrons devait remplacer sa berline compacte C4 vieillissante (née en 2010). Sans en avoir les moyens. La quadrature du cercle ? Jusqu'à ce que quelqu'un dise : " chef, j'ai une solution " : transformer le C4 Cactus en berline compacte, moyennant quelques retouches cosmétiques et un discours marketing ad hoc. Gonflé. Avant de l'essayer, on était hautement sceptique devant ce tour de passe-passe. Après 400 kilomètres à son volant, reconnaissons-le : c'est bien joué.
Vous me reconnaissez ? Eh bien non ! La disparition des affreux " airbumps " - posés n'importe où sur les flancs et à l'arrière du premier C4 Cactus - ainsi que des rails de toit très m'as-t-vu transforme en effet la silhouette, qui paraît beaucoup plus basse. Les protections latérales noires – nombreuses et c'est très bien – sont aujourd'hui plus harmonieuses. Berliniser un " SUV ", c'est un comble, alors que les constructeurs font généralement le contraire ! Un avant et un arrière, toujours originaux mais moins caricaturaux, finissent de nous convaincre. Le nouveau C4 Cactus conserve une forte personnalité avec des volumes inhabituels, mais sa plastique moins outrancière ne provoquera plus de rejets. Assagi, le C4 Cactus garde l'avantage de ne pouvoir être confondu avec aucun autre véhicule. En même temps, on l'identifie parfaitement comme une Citroën. Un restylage habile.
Sensation d'espace et bien-être
A l'intérieur, ce qui frappe c'est l'extraordinaire sensation d'espace - alors que la voiture est la plus courte des compactes -, grâce à une planche de bord droite et fine, qui ne rogne pas sur l'habitabilité. Le tableau de bord rectangulaire est réduit à la plus simple expression. C'est celui du premier C4 Cactus. Mais on y trouve ce dont on a besoin. Même chose pour l'écran. C'est simple, épuré fonctionnel, dehors comme dedans, sans aucune agressivité selon le vœu du patron du design Alexandre Malval. Une vraie voiture à vivre, à l'image des Renault des années 80 et début 90.
La position de conduite, semi-haute, est agréable. Mais on déplore l'absence d'accoudoir central et un volant réglable en hauteur mais pas en profondeur. Dans notre version haute Shine avec l'option intérieur coloré, nous sommes séduits par la planche de bord bordeaux, qui se combine avec le rouge-gris des sièges. Une ambiance salon gaie, reposante, qui incite au voyage. Les sièges " confort " sont moelleux et douillets, même si on finit par s'y enfoncer sur long parcours. Le tissu est également soyeux au toucher. Voilà un intérieur qui innove et procure beaucoup de bien-être !
On apprécie aussi la ligne de caisse assez basse, le grand pare-brise et le toit vitré (optionnel) qui donnent beaucoup de lumière, renforçant l'impression de détente que l'on ressent à bord. Bravo. En revanche, on aime moins l'absence de rideau pour occulter le toit vitré. Quand il y a du soleil, il fait chaud là-dessous. Et la vision de trois-quarts arrière est catastrophique comme sur bien des véhicules modernes.
Les réglages des différentes fonctions sont pratiques et, une fois, qu'on a fait son choix, la voiture ne remet pas tout en marche au redémarrage. Elle respecte les desiderata du conducteur. Ca, aussi, ça déstresse. Seul bémol : le " Stop and start ", qui se reconnecte hélas automatiquement. Et la finition ? L'ensemble est correct, bien assemblé. En progrès sur le C4 Cactus originel. Nous n'avons pas noté de grincements ou crissements intempestifs. Mais la plupart des plastiques sont bas de gamme ! Et la voiture, assez légère (un peu plus d'une tonne seulement), donne justement une impression de légèreté pas forcément flatteuse, ni rassurante pour le vieillissement de l'ensemble.
Avec une voiture aussi courte (4,17 mètres à peine), les fidèles de l'ancienne C4 ne retrouveront pas leurs marques. C'est 8 centimètres de moins que la 308, 16 de moins que la C4 précédente. Et la largeur apparaît faible. Mais, par rapport au gabarit, l'habitabilité est bonne. Citroën utilise au maximum l'espace imparti. L'empattement (distance entre les essieux) est d'ailleurs le même que sur l'ancienne C4. Les sièges, notamment, ne prennent pas trop de place. On pestera en revanche contre les vitres arrière qui ne s'ouvrent pas, mais s'entrebâillent à peine. Et le coffre manque de modularité.
Une transmission automatique formidable
Une telle voiture s'apprécie… avec une boîte automatique, disponible uniquement avec le moteur à essence trois cylindres 1,2 de 110 chevaux. Les autres moteurs (82 et 130 chevaux essence, 100 chevaux diesel) sont accouplés seulement à une transmission mécanique. Cette excellente transmission japonaise Aisin EAT6 est une des meilleurs du moment. Douce, rapide, intelligente, elle maintient le rapport quand il le faut et rétrograde à l'approche d'un virage avec une efficacité exceptionnelle. A condition d'enclencher le mode " S " (Sport).
Cette boîte pallie les faiblesses d'un moteur trois cylindres de petite cylindrée, par ailleurs peu enthousiasmant. Vibrant, assez rugueux, bruyant avec un sifflement de machine à laver assez désagréable, le Pure Tech n'est pas pire que ses congénères trois cylindres. Il est même plutôt meilleur, mais il ne nous convainc pas. Heureusement qu'il y a cette transmission automatique qui le civilise !
Les performances sont limitées. Le véhicule s'insère sans problème dans le trafic, mais les 110 chevaux se montrent lymphatiques. Lors des relances sur une rampe d'autoroute, c'est laborieux, mais la boîte repasse volontiers en 4ème, voire en 3ème, pour assurer l'accélération. On attend mieux toutefois d'une compacte. L'ensemble se révèle heureusement assez sobre. Sur un circuit essentiellement composé de routes sinueuses et d'autoroutes, avec également de la ville, nous avons avalé 7 litres aux cents. Acceptable pour une voiture à essence.
Très bon confort à basse vitesse
La voiture repose sur l'ancienne plate-forme " 1 " de PSA, celle des petites voitures. Elle est donc techniquement très proche d'une C3. La voiture tient bien la route et ne pose aucun problème de stabilité. Elle est même suffisamment précise, même si elle a tendance à élargir la trajectoire en sortie de virage. Mais on se passerait des remontées de vibrations dans la direction sur route sinueuse, lorsque le revêtement est dégradé. On a parfois du mal à sentir où on va mettre ses pneus. Ceci dit, une 208 est affublée du même mal - pas dangereux, mais agaçant. La plate-forme est insuffisamment rigide.
Citroën, qui refait du confort une de ses priorités stratégiques, a soigné les sièges, mais aussi les suspensions, avec les nouveaux amortisseurs à butée hydrauliques. Le résultat est satisfaisant, à la hauteur de la réputation de la marque. Le toucher de route amortit bien les bitumes de plus en plus dégradés de nos routes - les pouvoirs publics préfèrent investir dans les ralentisseurs plutôt que dans la réfection des chaussées -, les pavés, les plaques d'égout. L'amélioration du confort est surtout flagrante à basse et moyenne vitesse, moins à très faible allure où on sent les petites irrégularités ou au contraire sur les raccords d'autoroute à 130 (ou plus). Petit détail: avec une garde au sol un peu plus relevée que la moyenne, la voiture peut affronter des chemins (secs). Et, là aussi, on apprécie ledit confort.
Malheureusement, et malgré de flagrants progrès, on entend encore un peu trop le bruit des suspensions quand elles travaillent, avec également des bruits de roulement. Subjectivement, ça dégrade le confort, car le corps accompagne ainsi inconsciemment les soubresauts de la chaussée. Un peu plus d'insonorisation serait le bienvenu. PSA pêche toujours dans ce domaine.
Bond en avant du prix de vente
Le prix a fait un sacré bond en avant, de 1.000 à 2.300 euros selon les versions. Certes, Citroën a rajouté de l'équipement et amélioré le confort comme la finition et l'insonorisation. Mais, quand même ! La gamme démarre à 16.950 euros avec un modèle peu recommandable, doté du mini-moteur 82 chevaux totalement déplacé. Celui-ci est déjà à la peine dans une C3 encore plus légère. Le Pure Tech 110 est disponible à 18.500 euros, toujours en finition de base Live. Hélas, la boîte auto, aussi réussie que la boîte mécanique est perfectible, n'est disponible qu'en finition Feel (1.600 euros de plus que la même en boîte mécanique). La Pure Tech 110 EAT6 Feel est à 21.700 euros.
La finition supérieure Shine donne accès au démarrage et accès mains libres, à la caméra de recul (mais aussi aux ignobles bips-bips). En Shine, notre Pure Tech 110 EAT6 d'essai flirte avec les 24.000 euros. Il faut quasi-obligatoirement mettre au pot pour un intérieur de couleur (à la place d'un gris-noir triste) et des sièges typés confort. C'est 350 euros en plus. Et même 1.250 euros pour un mélange tissu-cuir, pas du tout nécessaire. Comptez 600 euros pour le toit vitré (non ouvrant). Les couleurs extérieures sont aujourd'hui bien ternes dans l'ensemble. Mais on peut choisir un rouge (gratuit), le pourpre métallisé ou le bleu émeraude.
Avec un minimum d'investissements, Citroën transforme son C4 Cactus, qu'il aurait peut-être dû renommer C4 tout court. Séduira-t-il les amateurs des anciennes C4, plus statutaires ? Pas si sûr. En outre, le " nouveau " modèle demeure par son allure en concurrence avec les petits " SUV ", dont le C3 Aircross au prix quasi-identique ! Il est d'ailleurs très difficile de spécifier quelles sont ses concurrents. Car le C4 Cactus se situe par ses dimensions près des citadines. Le véhicule est donc économique pour une compacte, mais cher pour une petite. Un positionnement compliqué. Et, dans cette version à petite motorisation 110 chevaux boîte auto, le C4 Cactus n'a que peu de vrais rivaux.
Ceci dit, la voiture est en soi réussie. Accueillante, globalement confortable, douce, suscitant la sympathie, elle répond au cahier des charges malgré un moteur pas franchement plaisant mais compensé par la boîte EAT6. Le groupe PSA lui doit beaucoup. Ce C4 Cactus ne se prend pas trop au sérieux et son apparence à nulle autre pareille peut charmer. Finalement, voilà un agréable compagnon de tous les jours, bonhomme et pas prétentieux pour deux sous. C'est rare à l'heure des voitures bling-bling.
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