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Photo du rédacteurJérémy

Au volant de la DS X E Tense


Au volant du dernier concept DS, nous avons fait un voyage en 2035. Une expérience décoiffante.

Cela n'est pas tous les jours qu'un concept car descend dans la rue et se mêle à la circulation. Encore moins qu'un journaliste soit convié à le conduire. C'est pourtant ce qu'il vient de se produire avec la DS X E-Tense. Les Français ont pu le voir au dernier Mondial de l'Automobile. Vous l'avez admiré dans les journaux. Nous venons de le conduire. L'expérience a eu lieu sur route ouverte, dans la vallée de Chevreuse. Elle a donné lieu à des scènes burlesques et insolites, que ce soit lors des traversées de villages ou sur la route, en rase campagne. L'apparition de la DS X E-Tense a fait sortir les clients d'un café dans la rue; une boulangère a cru être victime d'une hallucination. Même les convoyeurs d'un fourgon blindé ont oublié l'espace d'un arrêt leur sécurité pour immortaliser la scène sur leurs smartphones.

Des lignes asymétriques

L‘épais brouillard, qui nappait de son blanc-manteau la région parisienne le jour de notre essai, ajoutait une dimension mystique. Il faut avouer que la DS X E-Tense, c'est un ovni qui débarque sur notre planète. L'engin ne ressemble à rien qui existât. Si les formes ne rappellent rien de connu, la silhouette exalte les codes de la voiture plaisir et de la barquette de course. Ce véhicule hors-norme et libéré de toute contingence nous propulse dans le futur et constitue la vision des designers à l'horizon 2035. «L'idée de départ était de réaliser un side-car», explique Thierry Metroz, responsable du design de la marque. Le concept en reprend les fondamentaux avec le pilote à l'air libre et le passager abrité sous une capsule transparente.

La vision de face de l'engin ne manque pas de surprendre. Quelque chose cloche mais on ne sait pas l'expliquer tout de suite. La voiture est de traviole? Illusion d'optique ou vue déficiente? Rien de tout cela. Le concept présente une asymétrie esthétique. La petite calandre n'est pas positionnée au centre de l'avant mais déplacée côté gauche. La bande bleu marine reliant le poste de pilotage à la calandre et cintrée mais aussi la nervure de capot côté droit soulignent la dissymétrie. Le concept semble avoir été dessiné selon un X car, dans une parfaite opposition, l'arrière se termine en pointe côté droit. De fait, la surface plane derrière le conducteur est particulièrement large. La taille différente des faisceaux lumineux à LED qui percent à travers la trame en losange DS porte aussi la dichotomie des formes.


Une Formula E recarrossée

La structure a conditionné en grande partie les volumes et l'architecture d'un concept imposant. Il emprunte son châssis et sa technologie à la monoplace électrique que DS engage avec succès dans le championnat mondial de Formula E. Pour la saison 5 qui débute dans quelques semaines, le constructeur français portera le numéro 1 sur les flancs de la monoplace du champion du monde Jean-Eric Vergne qu'il a récupéré en s'associant avec l'écurie Techeetah. La longueur est semblable à celle d'une routière (4,75 m) mais la largeur de 2,10 mètres appartient au domaine des prototypes et oblige à redoubler de prudence sur route ouverte. Quant à la hauteur de 1,20 mètre, elle renvoie à une supersportive.

La DS X E-Tense offre deux voitures en une. Côté gauche, on retrouve le cockpit d'une monoplace. On y accède en déployant la porte en élytre de 1,60 mètre de longueur. Le baquet en cuir épouse la morphologie du pilote et se règle électriquement. Si le volant à la forme tulipe semble hérité des américaines des années 1950, les boutons commandant les différentes fonctions du véhicule renvoient à la DS7 Crossback. Ils se répartissent au sommet des deux flancs du cockpit. Côté droit, on trouve les interrupteurs de gestion de la transmission (D, N, R). Ceux du côté gauche commandent l'éclairage et le frein à main électrique.

Alors que le pilote est exposé à tous les vents, le passager est à l'abri sous une bulle transparente formant un seul bloc avec la porte. Sa forme a été l'objet de nombreuses discussions. Au final, un carénage anguleux a été retenu, réalisé en trois parties. Une seule pièce en verre n'était pas envisageable. La porte à ouverture papillon ne mesure pas moins de 2,16 mètres de long! Le baquet en cuir fixe épouse parfaitement la structure de la voiture. Il vous installe dans une position semi-allongée et permet d'allonger ses jambes. Devant vous, un petit baquet prenant la forme d'un pouf lorsqu'il est replié permet d'asseoir un enfant.

L'ambiance est volontairement plus cosy. La plage arrière et la paroi gauche sont recouvertes de véritables plumes de canard provenant de la maison Lemarié, un plumassier réputé. C'est la première fois qu'un constructeur recourt à cette matière travaillée par les grandes maisons de la mode. Cette source d'inspiration symbolisait bien le luxe à la française que DS se targue de véhiculer. «Nous avons vu dans la plume de canard une proximité avec le carbone au niveau des reflets. Et les plumes que nous avons travaillées en losange comme la trame DS, donnent une impression de mouvement», dit Vincent Lobry, responsable Couleurs et Matières des concepts DS.



À l'avant de l'espace passager, la planche est recouverte de sycomore ondé, une espèce de l'érable. «Ce bois utilisé par les luthiers entre en résonance avec le système hi-fi développé par la maison Focal», poursuit-il. Mais ne cherchez pas dans le choix de la teinte bleu canard un lien avec les plumes. Cette teinte assure un lien avec la couleur de lancement de la DS3 Crossback. Nous le verrons plus tard, ce qui fait l'originalité de cet espace, c'est le plancher en verre transparent. Cette idée, défendue par Tony Brigas, le responsable de la conception des prototypes de salon, permet de voir défiler la route et d'être au plus près des éléments.

L'équipe du design m'invite à prendre place dans le cockpit. On est assis au ras du sol, comme dans une monoplace. Une position de conduite qui ne permet pas d'apprivoiser facilement le gabarit de l'engin et notamment la distance qui vous sépare du bord droit de la route. On sert les fesses à chaque fois que l'on croise un véhicule. Mode Drive enclenché, la DS quitte son emplacement dans le bruissement caractéristique de sa propulsion électrique. De la FE, ce concept emprunte également sa technologie.

Le moteur délivre 180 kW, la puissance en course l'an dernier. Pour faciliter la prise en mains, les experts de DS Performance l'ont bloqué sur le mode «route», bridant sa vitesse à 90 km/h. Mais chaque franche accélération sur la chaussée humide se solde par une amorce de patinage. On est d'autant moins tenté de conduire sportivement que la pédale de freins, aussi dure qu'un bout de bois, ralentit plus qu'elle ne freine le véhicule. Et avec la vitesse et le mercure ne dépassant pas 6 degrés, la vision du paysage est rapidement brouillée tandis que le froid cingle le front. Le saute-vent n'abrite pas et un casque aurait été la solution si la rosée ne recouvrait pas la visière. A chaque dos d'âne, il faut s'arrêter pour remonter la hauteur de la caisse.

Au gré des kilomètres, on retrouve les sensations vécues au volant de la Formula E. Cheveux balayés par le vent, enivré par le bruit de succion de la machine électrique, on découvre une nouvelle forme d'ivresse. La DS X E-Tense témoigne que le frisson peut exister au volant d'un véhicule électrique. Et peut-être même plus côté passager où voir défiler la route sous ses pieds est une expérience incroyable.


Source :

http://www.lefigaro.fr/automobile/2018/11/16/30002-20181116ARTFIG00237-ds-x-e-tense-rencontre-du-troisieme-type.php

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